LA VILLA L’ANGE VOLANT DE GIO PONTI
C’est en 1927, que le célèbre architecte italien Gio Ponti imagine la villa, « l’Ange Volant » pour la famille Bouilhet, héritière de la maison Christofle. Située à Garches, dans un écrin de verdure entre Versailles et Paris, la demeure est la seule œuvre de l’architecte sur le sol français.
La nouvelle approche de l’architecture de Gio Ponti – une approche qui fusionnerait l’architecture, le design d’intérieur et la décoration – est illustrée dans l’Ange Volant. Ici, Ponti a conçu chaque élément – des poignées de porte aux jardins. Comme le dit Olivier Gabet, le directeur du MAD Paris « …seuls les grands artistes ont cette approche humaniste, cette capacité à jongler avec la poésie, la peinture, l’illustration, l’écriture, voire l’ingénierie… »
Tony Bouilhet commande cette maison à Gio Ponti après avoir été impressionné par son travail lors de l’exposition des arts décoratifs de Paris en 1925.
La maison devait initialement s’appeler « la villa la Saint-Cloudienne ». Mais en 1927, Tony Bouilhet rencontre la nièce de Gio Ponti, Carla Borletti. Les deux amants tombent éperdument amoureux et se marièrent un an plus tard. Selon Gio Ponti, c’est comme si un ange avait volé dans la vie de son ami : « L’Ange Volant ».
À travers cette villa, l’architecte expérimente son idée de ce qu’est la maison italienne. Entre néo-classicisme et architecture moderne, l’Ange Volant évoque autant le style épuré et moderne des années 1920 que les codes des villas palladiennes de la Renaissance.
Cette maison lumineuse, à la fois grandiose et accueillante est ouverte sur le jardin et représente l’exemple parfait des théories de Ponti de « la casa all’italiana ».
« La maison à l’italienne », expliquait Ponti, dans le premier numéro de la revue Domus paru en 1928,« n’a rien de l’abri bien clos et capitonné nécessaire à ceux qui doivent affronter un rude climat » ; on y profite, à l’inverse, « de la vie et des beautés que nous procurent notre ciel et nos terres pendant de longs mois » ; l’extérieur s’y prolonge vers l’intérieur, faisant fonds de matériaux communs tels la pierre, le plâtre, la fresque ; de même « vestibules et galeries, pièces et cages d’escaliers sont-ils ponctués d’arches, de niches, de colonnes et de voûtes».
La maison a été pensée comme un oeuvre total. Gio Ponti a imaginé chaque détail – des poignées de portes jusqu’aux extérieurs – pour créer un lieu unique à son image.
La maison à l’italienne doit avant tout être confortable. Par confort, Gio Ponti n’entendait pas l’accomplissement d’exigences de base mais « quelque chose de supérieur… une mesure pour nos propres pensées, un endroit où vivre une vie heureuse et confiante, communiquer avec la nature, un endroit pour rêver... »
Le « design d’intérieur » a déclaré Ponti, doit être une « successione di spettacoli » (une succession de spectacles).
Ceci est parfaitement illustré par le salon théâtral à double hauteur, avec son plafond peint à la manière des palais Renaissance, son escalier central et son balcon.
À l’occasion de Genius Loci, un événement organisé par Marion Vignal, qui présente une sélection d’objets d’arts et de designs dans la villa, nous avons visité cette villa.
Baigné d’une lumière chaleureuse, le grand salon contraste avec l’espace cheminée plus intime d’un côté et un espace salle à manger de l’autre.
L’escalier avec sa rambarde en laiton réalisé par les ateliers Christofle dessert les chambres et les salles de bain.
Le jardin, également conçu par Gio Ponti, se déroule comme un tapis de verdure devant la maison.