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Barbara Hepworth  

Quand le paysage façonne l’Art

À l’heure où les nuances dorées de l’automne s’installent à pas feutrés, nous vous proposons une ultime évasion ensoleillée dans le Jardin des Sculptures de Barbara Hepworth à St Ives, petite ville côtière anglaise, un trésor que nous avons eu le bonheur de découvrir cet été. Presque inconnue en France, Hepworth est pourtant une figure emblématique de la sculpture abstraite du XXe siècle. Célèbre pour ses formes organiques qui jonglent avec le vide et le plein, son œuvre explore un dialogue captivant entre formes convexes et concaves. Le jardin, géré par le Tate, n’est pas qu’un espace artistique : c’est un sanctuaire créatif où l’esprit de l’artiste continue de vibrer.

Aurélie Lecuyer, Grès
Les lampes Grès

Barbara Hepworth est une protagoniste majeure de la sculpture britannique, dont l’œuvre audacieuse et visionnaire s’est inscrite au cœur des révolutions artistiques du XXe siècle. Née à Wakefield en 1903, Hepworth a grandi dans le West Riding, une région dont le paysage vallonné a profondément marqué sa perception du monde.

« Tous mes souvenirs d’enfance sont des silhouettes, des formes et des textures. En traversant et en parcourant le paysage du West Riding avec mon père en voiture, les collines étaient des sculptures ; les routes définissaient la forme. Plus que tout, c’était la sensation de se mouvoir physiquement sur les contours de rondeurs et de creux, à travers les vallées et les sommets – ressentir, toucher, voir à travers l’esprit, la main et l’œil. Cette sensation ne m’a jamais quittée. Moi, la sculptrice, je suis le paysage. Je suis la forme et je suis le vide, l’élan et le contour. »

Turek-Michael-Yorkshire

@Michael Turek

Très tôt fascinée par la matière et les formes, c’est à l’âge de sept ans, en contemplant des statues égyptiennes en classe, qu’elle a ressenti l’appel irrépressible de la sculpture : « L’espace et le volume si tangibles m’ont enveloppée d’un éclat brillant au milieu de l’obscurité ambiante ». Elle est plus tard entrée à l’école des Beaux-Arts de Leeds, et a poursuivi sa formation au Royal College of Art de Londres, où elle s’est rapidement orientée vers l’abstraction, repoussant les frontières de la sculpture traditionnelle.

Aurélie Lecuyer, Grès
Les lampes Grès

Son parcours, nourri par des rencontres décisives avec des artistes de renom comme Constantin Brancusi et Jean Arp, explore les rapports intimes entre l’humain et la nature, entre la densité des formes pleines et la légèreté des vides. Ce jeu subtil de tension et d’équilibre confère à ses sculptures, souvent monumentales,  une singularité captivante.

C’est en 1939 qu’Hepworth s’installe dans la petite ville de St Ives avec sa famille, pour fuir la guerre. L’artiste y a dès lors entretenu une relation viscérale avec le paysage, baigné d’une lumière unique où la mer, les falaises et les landes se rencontrent. Elle s’est nourrie de la force brute des éléments –  la mer tumultueuse, le vent constant, les collines ondulantes – pour créer des sculptures puissantes, certaines arborant des cordes, qui symbolisent la tension entre elle et ces forces naturelles. Mais ce n’est que 10 ans plus tard, en découvrant le studio Trewyn qu’elle peut commencer à sculpter en plein air, dialoguant directement avec la lumière changeante et les formes naturelles. Elle créera alors certaines de ses œuvres les plus emblématiques, jusqu’à sa disparition tragique en 1975, dans l’incendie de son atelier.

« Trouver le studio Trewyn a été une sorte de magie. Pendant dix ans, je passais devant avec mes sacs de courses sans savoir ce qui se cachait derrière le mur de vingt pieds… Là, il y avait un studio, une cour et un jardin, où je pouvais travailler dans un grand espace ouvert, et à l’air libre. »

Le Studio Trewyn est une oasis de tranquillité, dissimulée entre les ruelles sinueuses et bondées de St Ives. En déambulant dans ce lieu, on découvre non seulement ses sculptures, mais aussi un univers figé dans le temps. L’atelier, où des œuvres inachevées et des outils semblent avoir été laissés en suspens, évoque une présence presque palpable de l’artiste. Cette atmosphère confère une profondeur rare à la visite, permettant aux spectateurs d’appréhender son processus créatif d’une manière unique, d’entrer dans l’intimité de la création.

Paysage St Ives Cornouailles
Atelier-Barbara-Hepworth-Studio-Tewyn
Aurélie Lecuyer, Grès
Les lampes Grès

Le Jardin des Sculptures, harmonieusement structuré en terrasses et relié par des sentiers en béton, gravier et bois, s’étend depuis l’atelier. L’atmosphère maritime en imprègne chaque recoin, apportant un souffle frais et salin.

Barbara-Hepworth-Jardin

En pénétrant dans le Jardin, une ambiance captivante nous enveloppe. Les sculptures de Hepworth, façonnées dans des matériaux bruts comme le bronze et le marbre, se fondent dans le paysage. La végétation subtropicale offre un écrin vibrant qui magnifie les œuvres, créant une conversation subtile avec elles. Comme dans une composition musicale, chaque pièce raconte une histoire, en écho aux formes naturelles qui l’entourent. L’artiste a d’ailleurs travaillé avec le compositeur Priaulx Rainier pour organiser minutieusement les espaces.

Aurélie Lecuyer, Grès
Les lampes Grès

La lumière joue dans le jardin, filtrant à travers les feuillages pour projeter des motifs vivants, mettant en valeur les textures des sculptures. En s’approchant, on découvre des détails souvent invisibles à distance. Chaque détour révèle des paysages inédits, une symphonie de sensations qui captive. Ce jeu entre art et nature instille un sentiment de plénitude, où la tranquillité s’épanouit dans une ambiance presque mystique, permettant à chacun de s’approprier l’œuvre à sa manière. L’art devient ici une expérience immersive, transcendant le simple regard et invitant à ressentir, à interagir.

Jardin-Barbara-Hepworth-studio

L’artiste n’est jamais entrée dans aucune case, et c’est ce qui rend son héritage si vibrant, comme l’explique Sarah Matson, directrice de la Tate Saint-Ives : « Le langage de Barbara Hepworth est universel et intemporel. C’est pourquoi ses sculptures nous semblent résonner avec les anciennes pierres de Cornouailles comme celles de Mên-an-Tol, tout comme elle reste l’une des rares artistes de sa génération dont l’œuvre peut s’intégrer naturellement à une exposition d’art contemporain aujourd’hui ».

Chaque sculpture semble respirer avec le paysage, évoluant au rythme du vent, de la lumière et des saisons. Ce lieu, bien plus qu’un simple cadre pour les œuvres de Barbara Hepworth, reflète la profondeur de sa démarche : un espace vivant où abstraction et monde naturel se répondent.

Aurélie Lecuyer, Grès
Les lampes Grès
Jardin-Barbara-Hepworth

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Barbara Hepworth  

Quand le paysage façonne l’Art

 

À l’heure où les nuances dorées de l’automne s’installent à pas feutrés, nous vous proposons une ultime évasion ensoleillée dans le Jardin des Sculptures de Barbara Hepworth à St Ives, petite ville côtière anglaise, un trésor que nous avons eu le bonheur de découvrir cet été. Presque inconnue en France, Hepworth est pourtant une figure emblématique de la sculpture abstraite du XXe siècle. Célèbre pour ses formes organiques qui jonglent avec le vide et le plein, son œuvre explore un dialogue captivant entre formes convexes et concaves. Le jardin, géré par le Tate, n’est pas qu’un espace artistique : c’est un sanctuaire créatif où l’esprit de l’artiste continue de vibrer.

Portrait Hepworth Sunday Times

Barbara Hepworth est une protagoniste majeure de la sculpture britannique, dont l’œuvre audacieuse et visionnaire s’est inscrite au cœur des révolutions artistiques du XXe siècle. Née à Wakefield en 1903, Hepworth a grandi dans le West Riding, une région dont le paysage vallonné a profondément marqué sa perception du monde.

« Tous mes souvenirs d’enfance sont des silhouettes, des formes et des textures. En traversant et en parcourant le paysage du West Riding avec mon père en voiture, les collines étaient des sculptures ; les routes définissaient la forme. Plus que tout, c’était la sensation de se mouvoir physiquement sur les contours de rondeurs et de creux, à travers les vallées et les sommets – ressentir, toucher, voir à travers l’esprit, la main et l’œil. Cette sensation ne m’a jamais quittée. Moi, la sculptrice, je suis le paysage. Je suis la forme et je suis le vide, l’élan et le contour. »

Turek-Michael-Yorkshire

@Michael Turek

Très tôt fascinée par la matière et les formes, c’est à l’âge de sept ans, en contemplant des statues égyptiennes en classe, qu’elle a ressenti l’appel irrépressible de la sculpture : « L’espace et le volume si tangibles m’ont enveloppée d’un éclat brillant au milieu de l’obscurité ambiante ». Elle est plus tard entrée à l’école des Beaux-Arts de Leeds, et a poursuivi sa formation au Royal College of Art de Londres, où elle s’est rapidement orientée vers l’abstraction, repoussant les frontières de la sculpture traditionnelle.

Atelier-Barbara-Hepworth-St-Ives-Tableau
Atelier Barbara Hepworth St Ives

Son parcours, nourri par des rencontres décisives avec des artistes de renom comme Constantin Brancusi et Jean Arp, explore les rapports intimes entre l’humain et la nature, entre la densité des formes pleines et la légèreté des vides. Ce jeu subtil de tension et d’équilibre confère à ses sculptures, souvent monumentales,  une singularité captivante.

Paysage St Ives Cornouailles

C’est en 1939 qu’Hepworth s’installe dans la petite ville de St Ives avec sa famille, pour fuir la guerre. L’artiste y a dès lors entretenu une relation viscérale avec le paysage, baigné d’une lumière unique où la mer, les falaises et les landes se rencontrent. Elle s’est nourrie de la force brute des éléments –  la mer tumultueuse, le vent constant, les collines ondulantes – pour créer des sculptures puissantes, certaines arborant des cordes, qui symbolisent la tension entre elle et ces forces naturelles. Mais ce n’est que 10 ans plus tard, en découvrant le studio Trewyn qu’elle peut commencer à sculpter en plein air, dialoguant directement avec la lumière changeante et les formes naturelles. Elle créera alors certaines de ses œuvres les plus emblématiques, jusqu’à sa disparition tragique en 1975, dans l’incendie de son atelier.

« Trouver le studio Trewyn a été une sorte de magie. Pendant dix ans, je passais devant avec mes sacs de courses sans savoir ce qui se cachait derrière le mur de vingt pieds… Là, il y avait un studio, une cour et un jardin, où je pouvais travailler dans un grand espace ouvert, et à l’air libre. »

L'atelier de Barbara Hepworth

Le Studio Trewyn est une oasis de tranquillité, dissimulée entre les ruelles sinueuses et bondées de St Ives. En déambulant dans ce lieu, on découvre non seulement ses sculptures, mais aussi un univers figé dans le temps. L’atelier, où des œuvres inachevées et des outils semblent avoir été laissés en suspens, évoque une présence presque palpable de l’artiste. Cette atmosphère confère une profondeur rare à la visite, permettant aux spectateurs d’appréhender son processus créatif d’une manière unique, d’entrer dans l’intimité de la création.

Jardin-des-Sculptures-Barbara-Hepworth-blocs

Le Jardin des sculptures, harmonieusement structuré en terrasses et relié par des sentiers en béton, gravier et bois, s’étend depuis l’atelier. L’atmosphère maritime en imprègne chaque recoin, apportant un souffle frais et salin.

Barbara Hepworth

En pénétrant dans le Jardin, une ambiance captivante nous enveloppe. Les sculptures de Hepworth, façonnées dans des matériaux bruts comme le bronze et le marbre, se fondent dans le paysage. La végétation subtropicale offre un écrin vibrant qui magnifie les œuvres, créant une conversation subtile avec elles. Comme dans une composition musicale, chaque pièce raconte une histoire, en écho aux formes naturelles qui l’entourent. L’artiste a d’ailleurs travaillé avec le compositeur Priaulx Rainier pour organiser minutieusement les espaces.

Colonne-Barbara-Hepworth-Jardin
Jardin-Barbara-Hepworth-detail-jardin

La lumière joue dans le jardin, filtrant à travers les feuillages pour projeter des motifs vivants, mettant en valeur les textures des sculptures. En s’approchant, on découvre des détails souvent invisibles à distance. Chaque détour révèle des paysages inédits, une symphonie de sensations qui captive. Ce jeu entre art et nature instille un sentiment de plénitude, où la tranquillité s’épanouit dans une ambiance presque mystique, permettant à chacun de s’approprier l’œuvre à sa manière. L’art devient ici une expérience immersive, transcendant le simple regard et invitant à ressentir, à interagir.

Barbara Hepworth

L’artiste n’est jamais entrée dans aucune case, et c’est ce qui rend son héritage si vibrant, comme l’explique Sarah Matson, directrice de la Tate Saint-Ives : « Le langage de Barbara Hepworth est universel et intemporel. C’est pourquoi ses sculptures nous semblent résonner avec les anciennes pierres de Cornouailles comme celles de Mên-an-Tol, tout comme elle reste l’une des rares artistes de sa génération dont l’œuvre peut s’intégrer naturellement à une exposition d’art contemporain aujourd’hui ».

Chaque sculpture semble respirer avec le paysage, évoluant au rythme du vent, de la lumière et des saisons. Ce lieu, bien plus qu’un simple cadre pour les œuvres de Barbara Hepworth, reflète la profondeur de sa démarche : un espace vivant où abstraction et monde naturel se répondent.

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Barbara Hepworth, jardin de sculpture St Ives

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